Cinquante nuances de vert en grimpant aux Monts de la Madeleine
Nous sommes arrivés guillerets après avoir roulé un bon moment dans la campagne fleurie de Lapalisse sous l’oeil placide des vaches charolaises. C’était vert, c’était frais, c’était beau. Là nous attendaient « Les Darots » : une petite carrière de granite constellée de broches bien astiquées par le soleil. « Les soeurs Perrin » (5c), qui veillent sur le secteur « Homos erectus », ont vite fait comprendre à notre petite troupe d’« animaux rampants » (6a), que si la falaise ne nous semblait pas haute, nous n’étions pas les maîtres les lieux.
L’immense couvert végétal qui sert d’écrin au granite des Monts de la Madeleine a déployé sa puissance. Puis, les jours suivants, le lichen sur les bosses de « La Pierre Châtel » est devenu notre ami, discret auxiliaire de nos adhérences ; les algues dans les vacuoles de « La Salette » donnèrent un goût océanique à ce séjour granitique. Nous avons grimpé trois jours d’affilée, bercés par le coucou lancinant du secteur « champ magnétique ». Chaque « cou-cou ! » avait une tonalité différente selon l’épaisseur de la ramure d’où il provenait car l’oiseau sautait d’arbre en arbre. Il souriait sans doute de nous voir crispés comme des extravagants sur nos réglettes, nos inversées, nos bombés et nos replats. Nos bavardages d’humains durent lui sembler bien monotones et entêtants.
Alors, face à l’armée des hêtres tortueux, nous nous sommes organisés en une brigade incroyablement efficace et soudée. Depuis leur QG aux sanitaires intégrés, Hugues et Thierry ont veillé à notre bonne installation au camping de Saint Nicolas des Biefs, négocié le silence nocturne avec quadistes et triathloniens musculeux, fixé à la minute près nos départs matinaux et organisé de pantagruéliques apéros. Les blagues douteuses, les écarts de comportement, les chamailleries adolescentes ont été scrupuleusement débriefés au crépuscule sous la grande véranda panoramique du camping « Les Myrtilles ». Nous revenons les bras noués, heureux comme des guerriers victorieux.
Merci à toi Hugues pour ces trois jours passés au coeur de ce massif dont nous avons caressé du bout de nos doigts la longue mémoire géologique.
Xavier
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