Forts des beaux souvenirs ensoleillés et chauds de nos amis partis en septembre, nous arrivons, confiants, en ce dimanche 4 octobre dans le pays des Monges, accueillis par le gîte d’Authon. Nous ne profiterons cependant pas de son jardin car la météo nous a, quant à elle, réservé un tout autre accueil : froid, neige et brouillard sur les sommets alentour, obligeant Isabelle à recomposer son programme afin de profiter au mieux des embellies prévues de temps à autre.

J1 : la mise en jambe tranquille prévue s’est ainsi transformée en une montée presqu’hivernale au sommet des Monges (2115 m) finement recouvert de neige.

 

Le froid enveloppe de givre les plantes et bouquets d’herbe accrochés aux parois gelées de la montagne qui forment un cirque impressionnant. A notre niveau, nous sommes enveloppés de brume, heureusement la table d’orientation et Jean-Louis sauront alimenter nos rêves de larges horizons et de sommets soudain devenus imaginaires. A la descente par les crêtes du Raus et le col de la Sapie, une escadrille de vautours salue avec nous l’éclaircie qui nous permet de profiter enfin des paysages. Un mouflon esseulé se laisse découvrir. 8 heures de marche, nous avons mérité un bon repas.

J2 : Au départ du sentier de la montagne de Gâche, la Pierre Ecrite érigée au Vème siècle en l’honneur de Dardanus, homme illustre de l’empire romain, et de Nevia Galla, sa « clarissime épouse et mère de ses enfants », installés dans ce lieudit Théopolis (Cité de Dieu) dont aucune carte n’atteste encore à ce jour la localisation exacte. Nous montons tranquillement à travers la forêt et ses chênes séculaires jusqu’à l’extrémité de la montagne (1357 m) surplombant Sisteron. Nous redescendons, direction la Chapelle de Dromon et sa crypte (XIè) dont l’histoire nous est amoureusement contée par Marcel, le guide local. Revoilà le soleil, on attaque donc le rocher de Dromon et sa prétendue magnifique vue. La belle affaire, sitôt arrivés au sommet la purée de pois nous retombe dessus mais n’entame en rien notre bonne humeur.

J3 : La crête de Géruen (1746 m) par le col de Fontbelle (1115 m). Le temps est toujours aussi frais, très venteux mais ensoleillé, nous profiterons tout au long de nos 7 heures de marche de beaux panoramas parmi lesquels se dessine notre prochain sommet : la tête de l’Estrop. Pour l’heure, Isabelle cherche un raccourci le long d’un thalweg et nous mène sans peine au chemin de descente. Mais voilà, c’est bien connu, les kilomètres à pied, ça use énormément et les chaussures d’Anne n’y échapperont pas ! Un strapping ingénieux de la chaussure et sa semelle pendante permettra cependant de terminer la randonnée sans encombre.

J4 : Depuis le parking des eaux chaudes de Prads-Haute-Bléone, nous montons au refuge de l’Estrop. Il fait beau et le soleil irise de ses rayons la cascade généreuse de la Piche. Nos regards portent loin, jusqu’à la bergerie puis le refuge de l’Estrop (2050 m). Olivier et un troupeau de mouflons nous y attendent. Toilette à la rivière ou douche extérieure très fraîche, au choix. 4 litres de soupe et une platée de lasagnes plus tard, Jean-Louis et Bernard entreprennent une initiation au jeu de tarot. La chance et le génépi aidant, le duo de débutants improbable dont nous tairons le nom, gagne la première partie !

J5 : La tête de l’Estrop. 1 000 m de dénivelé à travers les barres rocheuses recouvertes de neige vierge. Isabelle fait la trace. Notre attention est toute entière portée à nos pas, aux ponts de neige piégeux qui cèdent parfois et nous enfoncent jusqu’aux genoux. C’est dur mais on s’en amuse quand même. Les chamois nous accompagnent, à bonne distance. Et enfin le sommet, glacé. La petite vierge noire a les pieds dans la neige et les drapeaux tibétains sont torturés par le vent, ils s’y croiraient presque … La descente sera toute aussi épique, Isabelle et Jean-Louis, guides expérimentés, jouent la prudence et nous traversons un nouveau pierrier enneigé pour éviter une vire glissante. Nous ne leur en voudrons pas, cette journée d’efforts a été tout simplement merveilleuse. Plus tard, un verre d’eau-de-vie et fleurs de mélèze nous enverra directement dans les bras de Morphée. Ce soir-là, à 20h30, tout le monde est au lit !

J6 : nous redescendons aux voitures. Un petit tour par le marché de Digne, pique-nique sur les bords de la Durance et retour en région bellifontaine. Merci Isabelle. Nous sommes prêts à repartir !